dimanche 12 janvier 2014

L'hiver québecois et autres clichés

Il y a quelques temps est sorti en France un petit reportage sur le Québec, fait par TF1 :


L'occasion de s'attarder un peu sur le Québec vu par des français... qui n'ont jamais quitté leur pays mais qui croient néanmoins pertinent de donner leur avis sur l'hiver et le Québec en général (j'ai des noms!).


Alors en vrac :


  • les Québecois n'arrêtent pas de jurer ("sacrer" comme on dit ici). Pas faux. Mais pas pire qu'en France après tout. Y a des endroits ou "putain" ressort toutes les phrases, ben ici c'est "ostie" ou "crisse". Bon quand on se met à dire "tabarnak" c'est qu'on commence à être vraiment fâchés. 

  • Il tombe 5 mètres de neige chaque année, il fait -40 l'hiver et -25 l'été et seul le mois de juillet est exempt de blanc. Tout à fait, d'ailleurs tout québecois qui se respecte dort dans un igloo. 

  • les Québecois mangent des trucs bizarres. Bon ; quelque part c'est pas faux. Mais est-ce vraiment plus bizarre de manger de la poutine que des cuisses de grenouille? 

  • Le québecois n'est pas cultivé. Ouais, comme un américain mais en français. Je ne ferai pas de commentaire là-dessus, ça ne le mérite pas. 

  • Tous les québecois adorent le hockey, c'est une institution. Alors le hockey c'est le sport de prédilection oui. Mais comme le football (soccer) en France, y en a qui aiment et d'autres non. Affaire de goût. 

  • L'accent il est super bizarre. Moui. Mais d'abord, il ressemble vachement à l'accent breton (prononcé, il est vrai!). Et puis comme on me l'a fait remarquer, au moins personne ne se moque d'un québecois quand il parle anglais. 

  • Il y a des caribous et des ours dans toutes les villes. On en revient à ma blague préférée pour accueillir les nouveaux arrivants : au printemps et en automne, il y a la migration des caribous et on est obligé de tout fermer aux voitures pour laisser passer les charmantes bestioles. Ici, le caribou c'est comme la vache en Inde, c'est sacré!

  • Au Québec il n'y a que des bûcherons. D'ailleurs j'ai été obligée de m'acheter une chemise à carreaux pour m'intégrer. 

  • L'hiver on ne vit que dans les souterrains, on ne sort pas. Ben tiens. D'abord les souterrains y en a pas partout, et ensuite si on n'aime pas sortir l'hiver ben on va ailleurs. Parce que rester dans des souterrains pendant 4 mois, ça va au-delà de la dépression... 

Bon par soucis d'honnêteté, je précise que c'est pour le Sud du Québec. Parce que forcément, le Nord c'est polaire alors ça change un peu la donne. Mais même. 

Comme quoi les Québecois ont des clichés sur les français (si si, j'en ai déjà parlé, les français ne se lavent pas, ont tous un béret, une baguette sous le bras et un camembert dans une poche, est prétentieux, malpoli et pas civilisé) mais l'inverse est vrai. 

Finalement il vaut mieux en rire et venir découvrir soi-même quelle est la vérité! 





mercredi 8 janvier 2014

L'expatriation et les voyages dans le pays d'origine

Vaste sujet aujourd'hui... Pour les vacances de Noël 2013, j'ai eu l'occasion d'aller en France, avec quelques jours en région parisienne et le reste de mon séjour en Provence. Le moment propice pour une réflexion sur certaines conséquences de l'expatriation... et des sentiments qui semblent partagés par tous les expatriés lorsqu'ils reviennent à leurs racines.


Autopsie d'un retour classique :



L'envie est là. Beaucoup de monde à revoir, famille, amis, des lieux à redécouvrir, des envies diverses (quand on vient du Canada, on a généralement envie de se gaver de baguette-fromage et autres spécialités typiquement françaises). On va retrouver généralement des objets laissés sur place qui manquent dans la vie quotidienne (des livres surtout en ce qui me concerne!!). L'impatience de ces (re)découvertes et retrouvailles, combinée avouons-le au fait de ne plus penser au travail pendant quelques temps, conduit généralement à attendre ce voyage avec hâte et joie. 



Les premiers jours, tout se passe effectivement comme prévu. Retrouvailles, lieux connus, habitudes somme toute vite reprises. Quelques réflexes canadiens restent cependant : compter les taxes et les tips (pourboire) à chaque café ou restaurant (pour une fois, ça fait plaisir de voir la note quand il ne faut pas y rajouter 30%!!), se balader en simple pull quand tout le monde porte manteau et écharpe, réapprendre à écrire sur clavier azerty et caler à la reprise en main d'une voiture manuelle... Mais soyons honnêtes, les connaissances reviennent tout de même rapidement. 



Au bout de quelques jours (dépendamment des circonstances, ce n'est pas une loi immuable!), les choses changent un peu, parfois imperceptiblement, parfois moins. Quelques exemples en vrac : 



- les lieux ont changé... nouvelles routes, variations certes peu importantes mais quelque peu déstabilisante comme nouveaux rond-points, carrefours, chemins... Des habitations ont poussé là où il n'y avait que des terrains vagues, des zones se sont privatisées, des arbres ont disparu. 



- la culture : des gens te parlent de musique, de films, de choses que "mais si voyons, tu connais forcément"! Eh ben non... la culture existe au Canada, elle n'est cependant pas totalement identique à la culture française, et si je ne connais pas les nouvelles sorties en France, je suis aussi bien en peine d'expliquer ce que j'ai absorbé de culture québecoise...



- les amis/copains/connaissances... là on entre à mon sens dans la plus grande difficulté de l'expatriation. Pas dans le pays choisi mais lorsqu'on retourne dans la pays d'origine. Certaines amitiés sont indéfectibles et on peut reprendre une conversation avec quelqu'un qu'on n'a pas vu depuis 2 ans comme si la séparation datait de la veille. Mais il y en a d'autres ou ce n'est pas le cas ; pour ces dernières, 2 situations possibles : 

        - les gens n'ont pas changé. Mais alors pas du tout. Et si ça peut sembler rassurant, c'est très vite ennuyeux, en particulier pour les gens qui n'ont jamais pris la peine de bouger de la petite ville ou ils sont nés. Ce n'est pas une critique, mais force est d'avouer que lorsqu'on est parti dans un autre pays un certain temps, on est beaucoup plus enclin à partager des relations avec d'autres "expats". 
        - ils ont beaucoup (trop) changé... les chemins sont complètement différents et on ne retrouve plus la personne qu'on a connue... 
En réalité, le 3e cas de figure, le plus fréquent, ce sont les gens qui ont suivi leur propre chemin, et qui donc par définition ont évolué. Normal, mais l'évolution n'est pas du tout parallèle à celle que nous on connaît. Résultat, lorsqu'on se revoit, passé quelques banalités, on n'a plus grand chose à se dire... Leur vie nous semble ennuyeuse, et eux ne s'intéressent pas le moins du monde à l'expérience qu'on est en train de vivre à l'étranger. 


Expérience personnelle : certaines personnes ne savaient même pas ce que j'étais en train de faire comme études à l'étranger, en fait certains ne savaient même pas que j'étais étudiante. Sans demander à ce que tout le monde connaisse par coeur mon sujet de recherche (somme toute très obscur pour les non-initiés à la biologie), le fait que les gens demandent encore "est-ce que tu pourras enfin être laborantine après?" est tout de même assez vexant. 

La conséquence de tout ça, c'est qu'à chaque visite dans le pays d'origine, le carnet d'adresses s'orne de plus en plus de noms barrés. C'est un fait partagé par tous les expatriés que je connais. 


- les français en général : c'est là qu'on s'aperçoit que certains clichés sur les français ne sont pas totalement faux... Et le plus courant, c'est : "les français râlent tout le temps". Il faut avouer que c'est vrai. Les congés/le temps de travail/la politique/la météo/l'éducation/la santé. (Sur ce dernier point, je rappelle expérience à l'appui que le système français est vraiment l'un des meilleurs au monde...). Cette overdose de mauvaise humeur fait vite déprimer. 



"Ben puisqu'elle pense tout ça, elle n'a qu'à repartir et rester au Canada" penserez-vous. Certes. Mais c'est pas aussi simple que ça... Le bilan du retour en France est généralement "ce n'est plus vraiment chez moi". Mais dans le nouveau pays, le bilan est très très souvent "ce n'est pas totalement chez moi". Et nous voilà dans la plus importante conséquence de l'expatriation : trouver l'endroit ou on se sent parfaitement à sa place Avec plusieurs possibilités : 

- on tente l'impatriation et la France redevient notre pays (à savoir que beaucoup de ré-impatriés finissent par repartir). 
- on tombe totalement en amour avec le nouveau pays et la question du "chez soi" ne se pose plus
- on se retrouve, comme souvent, à bouger régulièrement... si on a de la chance, on intègre qu'il n'y a pas un lieu précis ou l'on se sent chez soi, et que n'importe où où l'on posera ses valises, ça ira. Dans le cas contraire, on se retrouve éternel insatisfait à déménager tous les 2-3 ans dans l'espoir d'un endroit meilleur qui nous correspondrait davantage. 


N'allez pas croire que je déconseille l'expatriation. C'est à mon sens une expérience qui permet une ouverture d'esprit difficile à avoir pour ceux qui ne l'ont jamais fait. C'est aussi la découverte d'une culture différente  qui conduit à des idées nouvelles, et des rencontres très enrichissantes. Mais il importe de savoir que ce ne sera pas toujours facile, et qu'il faut se préparer à quelques déconvenues... 



Allez un prochain post plus joyeux! :)


Bonne année 2014 à tous!

dimanche 5 janvier 2014